La Covid-19 un tournant dans la compréhension de la solitude
La pandémie de Covid-19 a été une expérience naturelle sans précédent. Selon les spécialistes, elle pourrait même constituer un tournant dans la compréhension de la solitude.
Qui écouter ?
En effet, les conditions sanitaires actuelles nous ont installé depuis un an dans une contexte exceptionnel. J’ai moi-même été victime du virus en mars dernier, une dure épreuve, parole de médecin…
Tout d’abord, je voudrais rappeler le cafouillage des autorités au début de l’épidémie. C’est à dire la contradiction des communications et l’imprécision dans les prises de position.
Confinement ou pas, masque utile ou pas, hydrochloroquine ou non, azithromycine ou non?
Devait-on écouter les voies qui s’élevaient pour nous prévenir qu’avec les échanges de nos temps modernes la Chine se situait à notre porte et non plus au bout du monde?
Était-il judicieux de maintenir les élections municipales en plein début d’épidémie, avec tout le brassage de population que cela impliquait ?Était-il intelligent de faire démissionner la ministre de la Santé pour des ambitions électorales alors que l’épidémie gagnait déjà la France ?Devait-on accorder du crédit aux professeurs de médecine qui donnaient des interview et promouvaient un traitement tandis que la haute autorité sanitaire, à l’opposé, retirait l’hydrochloroquine des pharmacies, du jamais vu!
Toutes ces contradictions publiques ont installé un climat de manque de confiance dans le pouvoir politique.
Le confinement et l’isolement
Ensuite vint le confinement.
Le monde professionnel est rentré très vite en télétravail. Un bond en avant dans ce domaine, poussé par la situation sanitaire. Et ainsi chacun s’est retrouvé brutalement plus ou moins isolé dans un travail à domicile, privé de ses relations sociales habituelles.
Rappelez-vous – et d’ailleurs c’est encore d’actualité – travail à domicile, distanciation et queues interminables pour faire ses achats, impossibilité d’aller voir ses parents ou de les recevoir, de peur de les contaminer… Tous les lieux de loisir ou de réunion fermés: restaurants, brasseries, cafés, théâtres et cinémas, piscines, salles de sport… Sans oublier les écoles.
Pour certains, une vie dans l’isolement.
Le magazine en ligne Slate publie le 1° avril 2021:
Certes, les humains connaissent rarement un isolement social aussi extrême, mais plusieurs études ont montré que dans la vie quotidienne également, être seul peut fortement dégrader notre santé physique et mentale. Les études ont établi un lien entre la solitude, les maladies cardiovasculaires et la dépression… Et même l’espérance de vie !
L’Institut de technologie du Massachusetts, a justement montré que les contacts sociaux constituent un réel besoin de notre cerveau.
Lorsqu’un sujet est stimulé par une image de rapports sociaux, les zones du cerveau sous l’effet de la dopamine s’activent. Elle est l’hormone de nos motivations et de nos attentes vis-à-vis du monde qui nous entoure. Même réaction en montrant des photos de nourriture à quelqu’un qui a faim.
Privé de contacts sociaux, le cerveau ressent un manque.
La preuve est faite, les rapports sociaux du travail font partie intégrante de la qualité de la vie.
D’après mon expérience personnelle, j’ai constaté que la plupart de collaborateurs acceptent bien le télétravail mais souhaitent tout de même avoir une ou deux journées sur site. Revoir leurs collègues… Échanger devient le maître mot.
Il faut ajouter à cela, la crainte du virus. La crainte d’être malade. Nous avons plus ou moins tous vécus l’hospitalisation ou même la perte de proches. Ceci ajoute un stress supplémentaire à la situation d’isolement.
Nouvelle donne avec le vaccin
Et le vaccin!
Tant attendu, véhicule de tant d’espoirs, l’arrivée des vaccins a vite tourné à la déception, une de plus!
Déception de manquer de doses pour une vaccination que l’on souhaitait généralisée.
Doutes ensuite sur la fiabilité des vaccins. Compte-tenu de l’urgence, il ont été réalisés hâtivement, dans un délai trop court pour que nous soyons sereins.
Les inquiétudes restent d’ailleurs fondées sur la survenue d’effets indésirables sévères voire mortels.
Du coup, un stress supplémentaire généré par cette oscillation entre les efforts importants pour réussir à se faire vacciner et la peur d’être victime du vaccin.
La conscience du danger doublée du cumul de l’incohérence des décisions et de la solitude installent un climat délétère.
La perte de confiance en est l’élément majeur qui transforme actuellement notre société.
Nous sommes certes soumis à des décisions politiques justifiées par une situation sanitaire inconnue. Mais certains crient à la dictature sanitaire! D’autres croient à un complot pour nous priver de nos libertés… Difficile de se projeter dans l’avenir dans un tel contexte.
Les éléments cités: l’isolement, l’incohérence des décisions de l’autorité, la perte d’autonomie, la perte de confiance, les déceptions, se voient ici à l’échelle nationale.
Mais il est intéressant de remarquer que dans le microcosme que représente l’entreprise, ces mêmes éléments se retrouvent et sont bien connus des spécialistes qui œuvrent pour la gestion du stress au travail. En somme, nous vivons actuellement et depuis un an, à l’échelle nationale, une sorte d’expérience des méfaits que nous connaissons avec le stress professionnel.
Je voudrais conclure par cette citation et un bon conseil pour travailler à améliorer la qualité de la vie:
« La peur n’empêche pas de mourir, par contre elle empêche de vivre! »