JLH énergie Formation - Dr Jean-Luc Haziza
Contactez nous par email jlh@jlh-energie-formation.com | Contactez-nous par téléphone 01.43.45.11.92 / 06.62.88.53.79
05
AVR
2023

Le pervers narcissique

Comments : Off

Le lion est couché dans la savane. Il reste tapi dans les hautes herbes à regarder le troupeau de gazelles. Du regard, il analyse et cherche celle qui présente des signes de faiblesse, c’est elle qui sera sa cible quand il va s‘élancer et qui ne pourra pas lui échapper.

De même, notre félin domestique, le chat, joue avec la souris jusqu’à la dévorer.

Cette scène du prédateur à la recherche de sa victime se retrouve hélas dans les relations humaines. Les psychologues lui ont donné le nom de perversion narcissique.

Le dictionnaire en donne une définition :

« Le pervers narcissique (PN) désigne un homme ou une femme qui établit avec sa victime une relation d’emprise très destructrice afin de combler son propre manque d’estime personnelle. »

Il associe deux contextes distincts : le narcissisme, être tourné vers soi-même et la perversion, qui consiste à utiliser l’autre.

Il faut remarquer déjà que, dans cette définition, intervient une tentative d’expliquer ce mode de comportement : pour compenser un manque intérieur, la propre faiblesse du pervers qui est abordée plus loin.

Comment reconnaître un pervers narcissique

Le PN sera plus souvent un homme mais peut aussi être une femme.

Le pervers narcissique peut être un conjoint, ce qui est la source de conflits familiaux douloureux. Lorsqu’il s’agit d’un ami, d’un membre de sa famille, la souffrance sera souvent moins importante puisque rompre le contact est plus facile. Par contre, dans le monde professionnel, s’il s’agit d’un collègue ou d’un supérieur, la situation peut devenir invivable.

De prime abord, en apparence, le PN se montre plutôt très sympathique, bon vivant. Vis à vis de sa victime ou future victime, il est même séduisant, jovial, à l’écoute, charmeur. Il flatte à volonté. Mais, quand la relation avance, apparaîtra son intolérance à la critique et à être contredit. Il a le besoin intrinsèque de se sentir admiré, de dominer.
Ainsi, il manipule volontiers son entourage pour donner l’illusion et passer pour quelqu’un de bien. Se laissent prendre à son jeu les gens qui ne le côtoient que peu. Dans une relation prolongée, le masque tombe et la réelle personnalité du PN apparait évidente.

Le pervers narcissique : une relation ambiguë

Le pervers narcissique entretient une relation ambiguë avec sa victime : d’abord charmant, il peut passer très vite à la colère s’il est contrarié. Le vocabulaire va dans ce cas devenir blessant, humiliant. Il est vital pour lui de reprendre le dessus et de se sentir dominant. Il n’entre pas dans son schéma mental de reconnaître ses torts ni de s’excuser.

Après la crise de colère, il redeviendra aimable pour mieux convaincre sa victime qu’elle est en fait la vraie responsable du conflit.

Au mieux, on peut considérer que le PN n’est pas vraiment conscient de la souffrance qu’il provoque. Cependant consciemment ou pas, il calcule habilement ses faits et gestes pour rester le maître.

Bien que les origines précises du trouble de la personnalité narcissique soient assez méconnues, certaines psychologues en rendent responsable des comportements parentaux pathologiques ou excessifs, tels que la négligence ou des pressions excessives. Par exemple, la négligence parentale des besoins ou des peurs exprimées durant l’enfance, un manque d’affection et de reconnaissance durant l’enfance, une pression excessive ou des attentes démesurées envers l’enfant, de la manipulation de la part des parents que le PN va reproduire à son tour.

Certains auteurs évoquent un désordre génétique ou neurobiologique qui serait la cause du trouble de la personnalité mais ceci reste encore à prouver.

La personne qui est victime du pervers narcissique :

La victime du PN se fait prendre au piège. D’abord sous le charme, elle cède à la séduction du PN, elle est même impressionnée par son assurance. Ensuite, à force d’entendre des critiques, elle en arrive à ressentir de la culpabilité. Il réussit à la faire douter d’elle, la dévalorise. Alors la victime du PN se soumet parce qu’elle doit faire attention à tout ce qu’elle dit ou fait pour ne pas le/la contrarier et déclencher sa foudre.

La relation est déséquilibrée et du type dominant/dominé. En fait, une manipulation psychique et une emprise.

Mais, tout de même pas de manière continue et dévoilée, c’est là le piège et la perversion de cette relation qui oscille entre domination et charme. Et dans ces moments charmants, la victime pense que le bonheur est encore possible, donc la relation continue.

Les personnes qui ont le plus de risque de succomber devant un PN sont souvent des personnes fragiles, en quête d’affection et qui doutent d’elles-mêmes.

Certaines victimes, avant d’y être confrontées, ignoraient complètement l’existence du trouble de la perversion narcissique et se sont laissées prendre au piège.

La personne ainsi sous emprise perd petit à petit son discernement et devient dépendante du PN, en attente naïve de trouver du bonheur.

La victime devient dépendante de son dominant qui réussira à la convaincre qu’il lui est supérieur et qu’elle n’a qu’à se soumettre.

Sortir des griffes d’un PN n’est pas aisé. Dans les cas extrêmes, la victime, dans sa quête d’évasion, de fuite, peut tomber dans l’addiction à l’alcool ou à la drogue. Le risque de suicide est majeur. Alors quelles sont les solutions ? Pour la victime du PN, la solution la plus radicale et saine est de rompre le contact avec son bourreau. Toutefois quand il s’agit d’une relation conjugale, que des enfants sont en jeu, s’il n’y pas de volonté de séparation, il faut avoir recours à la psychothérapie pour assainir la relation.

Le pervers narcissique peut lui aussi bénéficier de soins psychologiques pour l’aider à sortir de son schéma mental de dominant. Encore faut-il qu’il accepte de reconnaître son état et de se faire soigner.

L’emprise morale de la perversion se retrouve dans les relations conjugales, dans les familles mais aussi au plan professionnel notamment par le harcèlement au travail.

Longtemps, le harcèlement moral restait sous le silence et l’immobilisme des dirigeants d’entreprise qui préféraient fermer les yeux et laisser en place les cadres toxiques plutôt que d’intervenir. Aujourd’hui le harcèlement relève du code pénal. Pour plus de renseignements, consulter le site https://www.souffrance-et-travail.com/ animé par la psychologue Mme Marie PEZÉ, véritable pionnière dans le domaine.

 

Toutefois il devient trop facile de coller l’étiquette de pervers narcissique dès qu’un conflit survient.

« La surmédiatisation des pervers narcissiques en a fait un terme désormais employé

(trop ?) facilement. Dès qu’une relation amoureuse ou professionnelle se passe mal, le conjoint ou l’employé est tenté de brandir le spectre du pervers narcissique pour disqualifier l’autre. « Il est vrai qu’on a tendance à en faire trop aujourd’hui, on a tendance à coller des étiquettes psychiatriques sur tout le monde. Mais c’est aussi parce que nous sommes dans une société de la victimisation. Aujourd’hui pour être reconnu, il faut être victime », commente B. Falissard.

« Tout politique ambitieux, tout patron un peu trop rigide et autoritaire ou tout amoureux infidèle n’est pas forcément un pervers narcissique. Soyons vigilants, mais sans voir le mal partout… »

Écrit Marc Olano sur le site NEURO ENVIRONNEMENT.

 

Les choses changent petit à petit et la loi maintenant punit le harcèlement au travail pourvu que la ou les victimes puissent en apporter des preuves. Il est donc capital de sagement rassembler les preuves écrites et les témoignages avant de lancer une accusation.

Il apparait maintenant indispensable que les responsables d’entreprises et d’administrations se sentent concernés par le bien-être au travail. Ceci dans l’intérêt direct des salariés mais évidemment aussi au bénéfice de l’entreprise.

 

Le cas particulier du syndrome de Stockholm :

Il a été décrit lors de prises d’otages lorsque les victimes prenaient la défense des agresseurs. En fait, cette réaction surprenante provient d’une manœuvre inconsciente de défense et même de survie face à l’horreur de la situation. La victime va même en arriver à éprouver de la sympathie pour le preneur d’otage et aussi en épouser les motivations. Cette aliénation et soumission n’est certes pas cohérente mais elle permet inconsciemment à l’otage de se déconnecter de la peur de mourir.

Ce phénomène se retrouve également chez les enfants maltraités, les femmes battues, les personnes en état de faiblesse et dépendantes.

L’isolement de la victime fait partie de la stratégie du pervers. Celle-ci n’a pas forcément les ressources pour réagir mais, au contraire elle risque de s’enfoncer dans une dépression.

Face à ces violences psychiques, que le contexte soit conjugal, familial ou professionnel, il y a un risque de suicide !

Les structures d’aide existent : médecine du travail, police, psychologue, représentant syndical…

Si la victime n’est pas en situation de demander de l’aide, c’est un devoir de la famille ou de l’entourage de venir au secours de celle-ci et de lui apporter son aide. Le caractère sournois de la perversion constitue en effet, une véritable violence psychologique distillée comme un poison, progressivement envahissant, détruisant la personnalité de la victime.

A propos de l'auteur
JLH énergie Formation étudie vos besoins et vous propose des actions de formations personnalisées à la prévention du stress au travail et des risques psychosociaux.