Burn-out aussi chez les policiers ?
Délégué national chargé des conditions de travail au syndicat de police Alliance, Frédéric Galéa, était interviewé par France Info en avril 2019 après l’annonce du ministre de l’Intérieur de la création d’une « cellule alerte prévention suicide ».
La police est loin d’être épargnée par le fléau des burn-out que connait notre société. Nous déplorons une cinquantaine de suicides par an depuis près de vingt ans ! Cela pousse à réfléchir, à chercher des remèdes.
Il faut « agir en amont, sur les conditions de travail, sur l’organisation du travail, sur le management et réussir à réconcilier vie privée avec vie professionnelle » a affirmé le responsable syndical.
Régulièrement sont mis en place des plans d’accompagnement, des mesures de soutien par des psychologues, un suivi social et médical, en 2010, 2015, 2018… pour accompagner le personnel fragilisé.
En fait d’un plan à l’autre, quels sont les progrès réellement enregistrés? Pourquoi toujours autant de drames et de suicides dans la profession?
« Une hiérarchie défaillante ou un management trop défaillant, trop directif, peut mettre complètement en situation de souffrance toute une unité de police. »
Les policiers ont-ils la sensation d’une perte de sens dans leur métier ?
Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux s’interrogent sur le sens de leurs missions et sur leur véritable utilité. Quand on prend le temps de les écouter, ils disent, ‘je ne suis pas rentré dans la police nationale pour faire la plante verte, pour faire des tâches qui ne correspondent pas véritablement à ma profession’. Ces tâches indues viennent rajouter à ce malaise qui petit à petit glisse vers un mal-être policier.
Aujourd’hui la plupart des plans étaient de détecter des agents fragilisés, nous ce qu’on souhaite en tant que policiers, c’est de trouver les mesures qui empêchent les policiers d’être fragilisés par leur métier.
C’est agir en amont, sur les conditions de travail, sur l’organisation du travail, sur le management et réussir à réconcilier vie privée avec vie professionnelle. Quand on n’est pas impacté par le terrorisme, on est impacté par le maintien de l’ordre, ou par une délinquance de plus en plus violente et puis aussi depuis Magnanville et certains actes terroristes, le policier est une cible. Et l’inquiétude supplémentaire, qui rajoute du stress, c’est qu’il comprend que sa famille peut aussi devenir une cible ».
L’analyse est pertinente.
En effet, le burn out réalise la forme ultime de stress. Le risque suicidaire est très important à ce stade.
Le burn out atteint les meilleurs d’entre-nous, dans tous les corps de métier.
Il atteint les personnes les plus impliquées dans leur travail, les amoureux de leur travail, ceux qui sont le plus affectivement investis dans leurs tâches.
Le burn out s’apparente beaucoup à une dépression d’épuisement en relation avec le travail. Le sujet est caractérisé par cet épuisement physique et psychologique, la perte de sens de son travail qui pourtant occupait une si grande place dans sa vie et un grand vide émotionnel. Il est aisé de comprendre dans quel désarroi et désespoir se trouve la personne atteinte de burn out.
Bien sûr la vie privée entre également en jeu avec son lot de soucis mais aussi le possible soutien qu’il apporte et permet de mieux résister au stress. Ce soutien est essentiellement familial.
Quelle solution au burn out ?
La réelle solution est bien d’agir en amont, une véritable prévention. En effet, La personne atteinte de burn out a sa personnalité brisée. Et comme un vase brisé, on a beau recoller les morceaux, cela ne sera jamais comme avant.
Et c’est bien le problème. Rares sont les personnes qui pourront reprendre leur activité professionnelle et la plupart du temps, requalifiée dans à poste comportant moins de responsabilités.
Le rôle du policier est très noble, il est le gardien de l’ordre dans notre société. Sa vocation est d’aider, de prêter assistance, de protéger.
Je réfléchis souvent aux efforts et à tous les risques que prennent les policiers dans leurs missions et les arrestations et qu’ensuite, en aval, la justice, elle-même débordée, semble ne pas prendre le relais de tout cet investissement. Les délinquants semblent être relâchés si vite. Il s’en suit une certaine incohérence des missions, des attitudes contradictoires.
Comment ne pas perdre pied dans ce contexte et rester serein quand, en plus il faut faire face à une certaine mésestime voire une agressivité de la population ?
Je pense sincèrement que l’amélioration de la qualité de vie au travail des policiers passe par plus de soutien hiérarchique. Que les policiers se sentent soutenus par leurs supérieurs. Que les missions soient bien clarifiées. Que les relations verticales restent empreintes de respect pour que perdure l’esprit de leur expression « je fais partie de la Maison !».